Léa Kant
Les témoins du Témoin: récit de Benjamin Orenstein
Note: ce récit est le résultat de notes prises lors d'un voyage de la mémoire en présence de Benjamin Orenstein, survivant de la Shoah.
« Moi l’enfer je n’irai pas quand je serai mort car j’y ai vécu de mon vivant. »

Benjamin Orenstein est né le 15 septembre 1926, en Pologne, dans la petite ville d'Annopol, à 80 kilomètres au sud-ouest de Lublin. Il est le cadet d'une famille de cinq enfants, quatre garçons (Haïm, Léon, Jacob, Benjamin) et une fille (Hinda). Ses parents, Nuchym et Toba Lea, vivent du commerce des œufs et de la viande de veau. Sa famille était croyante et pratiquante.
Dès 1937, une vague d’antisémitisme violente s’empare de la Pologne.
Benjamin se rappelle du premier ministre polonais qui s’exprime à la radio: « Battre les Juifs, il ne le faut peut-être pas, mais les boycotter, allez y de bon cœur ! ». Le jeune garçon découvre l’antisémitisme à l’école lorsqu’il entend « Sale Juif, va en Palestine ! », mais les Juifs n’avaient pas les moyens de partir. Il ira à l’école jusqu’en 1939.
Il se rappelle également, d’Adolf Hitler à la radio ; « Personne ne l’a cru ». Une enfance qui restera marquée par un antisémitisme agressif en Pologne. La situation en France aujourd’hui lui rappelle son enfance.
En 1938 se souvient-il, Jabotinsky est arrivé à Lublin pour un grand discours. Il faut dire que c’était un grand orateur. Son frère y est allé car il faisait partie d’un jeune mouvement sioniste. Un discours formidable, Jabotinsky clamait « Juifs, partez d’ici ! ». Partir oui, mais comment ? A l’époque il était difficile de partir en Palestine, les aides n’étaient pas les mêmes ni les moyens…
Dans la famille Orenstein, tout le monde travaille, c’est une famille modeste qui ne se plaint pas. Les juifs sont plutôt pauvres. Une famille riche en Pologne c’est une famille qui peut se chauffer l’hiver.
La guerre a commencé un samedi, alors que Benjamin allait à la synagogue. Le 1er septembre 1939, l'Allemagne nazie envahit la Pologne. La zone d'occupation allemande est divisée en deux secteurs : les régions les plus à l'ouest sont annexées au Reich tandis qu'un "Gouvernement général" est constitué autour de Cracovie, Varsovie et Lublin.
Immédiatement, les exactions à l'encontre de la population juive se multiplient. Le 23 novembre, les Juifs du "Gouvernement général" sont contraints de porter un brassard blanc avec une étoile de David bleue. Sans cette condition, c’est l’exécution.
Benjamin du fait de son jeune âge et de son allure blonde et élancée décide de se dispenser de le porter pour pouvoir quitter le village et approvisionner sa famille. Il prend un risque majeur. Dans chaque ville, les nazis nomment un "Conseil juif" (Judenrat) chargé de faire appliquer leurs directives.
Tous les hommes âgés de seize à soixante ans sont soumis au travail forcé. Progressivement, les Juifs sont regroupés dans les villes et parqués dans des quartiers surpeuplés et insalubres : les ghettos. Au début de la guerre, la famille Orenstein quitte le petit village d’Annopol, mais arrivent les fêtes : Rosh Hashanah et Kippour, ils ne se voient pas passer les fêtes ailleurs que chez eux. Ils prennent donc le risque de retourner au village où ils y découvrent la synagogue souillée. Le directeur de la synagogue est assassiné, et son cousin aussi est abattu d’une balle dans la tête devant ses enfants. Les livres sacrés de la synagogue ont été brûlés, pour y mettre des chevaux, une profanation absolue, il n’était plus question d’aller prier là-bas pour la famille Orenstein.
En 1941, il est interdit aux Juifs de s'éloigner de plus d'un kilomètre du centre d'Annopol. Est mis en place une forme de « ghetto ouvert ». Un jour, la gendarmerie rafle son père vers un camp de Juifs. Il avait déjà 60 ans. Il se rappelle aussi que son père avait une longue et belle barbe à laquelle il tenait beaucoup mais à l’époque, la barbe était passible de mort. Il a dû la couper. Le jour où Benjamin a vu son père rentrer sans sa barbe il ne l’a pas reconnu, et s’est effondré en larmes, ce fut un choc terrible.
A l’époque, les hommes sont employés dans des entreprises allemandes installées à la périphérie de la ville. Alors qu'il n'a pas encore quinze ans, Benjamin Orenstein prend la place de son père qui a été arrêté et envoyé au camp de travail de Ieniszow. C’était une pratique autorisée à l’époque : remplacer un détenu par un membre de sa famille. Pour son jeune âge, Benjamin vivait dans des conditions difficiles : l’hygiène y était atroce, la nourriture à vomir (« C’est un sacrilège d’appeler ça de la soupe » dit-il), et le travail y était très dur , mais « après tout, ça faisait mourir des Juifs, et c’était tant mieux pour eux ! ». Le dimanche était la pire journée car ils allaient se laver à la Vistule sous les coups de Matraques et les coups de fouet, certains ne s’en relevaient pas.
Il parvient à s'évader au bout de cinq semaines, rejoint sa famille et constate tristement que ses parents ne mangent presque plus. Il décide alors de partir travailler dans une ferme où vit sa tante. Il ramène chaque fin de semaine un baluchon de 6 kg de nourriture à ses parents, mais risque sa vie pendant le trajet.
Si tôt, une rumeur se répand : Lazarczyk, un SS qui avait droit de vie et de mort sur les Juifs, avait décidé de nettoyer le village de ses juifs. Un jour alors, la horde d’Ukrainiens à la solde des nazis débarquent dans cette maison, Benjamin aura lui le temps de s’enfuir mais sa tante est tuée. Les Ukrainiens demandaient aux juifs de creuser leur propre tombeau, puis il les abattait. L’un d’entre eux a même donné un coup de pied dans la terre, pourquoi ? il était déçu de ne pas avoir tué assez juifs. Cette image ne le quitte pas. Après cette tuerie, il retourne donc à Annopol et raconte difficilement à sa mère ce qui s’est passé, celle-ci s’effondre. Il part alors travailler dans une autre campagne (village de Krzezomiesz).
Les mois passent, les allemands et les Ukrainiens deviennent de plus en plus violents. Puis des rumeurs alarmantes annoncent l’arrestation de tous les juifs dans le district de Lublin. Les anciens du village commencent à comprendre que la mort les attend. En octobre 42, une jeune fille vient lui annoncer que les Allemands ordonnent un rassemblement des juifs à Annopol, il s’y rend donc. Et son père demande « pourquoi es-tu revenu ? ».
Le 13 octobre 1942, les Juifs d'Annopol sont déportés vers le centre de mise à mort de Belzec, à l'exception d'un groupe d'une centaine d'hommes, dont Benjamin et ses trois frères, qui sont emmenés au camp de Rachow effectuer des travaux agricoles. 60 Juifs ont été sélectionnés pour aller travailler. Rapidement après il se rappelle que les juifs restants du village dont ses parents et sa sœur sont rassemblés dans le village. Ce sont alors les derniers mots de son père « Obéis à tes frères et tout ira bien, avec l’aide de Dieu. Et vous les aînés, n’abandonnez pas mon petit ». C’était mission impossible. Dans le camp il se souvient des cris, des pleurs, des femmes qui imploraient leurs maris. « J’ai vu des hommes se cogner la tête contre les murs et saigner car ils étaient impuissants, car ils ne pouvaient rien faire pour leur famille ».
Son frère Haim prenait des risques considérables. Sur ce camp, il se rappelle avoir été battu gratuitement par un Ukrainien avec une planche de bois. Il est vite tombé dans les pommes, mais le garde lui aurait mis plus de 25 coups, son dos était en sang, il était totalement handicapé mais ses frères l’ont soigné. Sans ses frères à cette époque, il n’aurait surement pas survécu. Sur ce plan clame Benjamin, « j’ai hérité de ma mère, je guéris vite ! ».

Un jour ils décident de tous s’échapper et voler les armes des SS, mais ce fut un échec cuisant. Un Hassid a tenter de s’enfuir, il s’est fait prendre par Lazarczyk. Cet homme a eu le courage de cracher au visage de ce monstre, et avant de mourir lui dit « je meurs, mais votre tour viendra et le monde entier saura quels salauds vous avez été ! », il fut abattu.
Lors de la St Sylvestre 43, Lazarczyk revient saoul sur le camp l tire alors des coups en l’air. Benjamin et tous les autres sortent du baraquement. Il demande qui est de garde. Les deux gardes se dénoncent et il leur tire une balle dans la gorge. Le son qu’a fait ce garde résonne encore dans la tête de Benjamin. Le lendemain, il fallait travailler comme si de rien n’était, Lazarczyk avait même oublié qu’il avait tué ces deux hommes… Il se souvient aussi que la vile femme de Lazarczyk avait fait « sauvé » une femme du village, la meilleure couturière qui soit pour qu’elle lui confectionne de sublimes robes. Ce salopard violait la femme tous les jours. Cette liaison était interdite entre un tortionnaire nazi et une juive, qui d’après les lois raciales polluait la race aryenne… Il finit par assassiner cette femme.
En 1943, Benjamin est transféré à Budzyn (camp dirigé par Feiks) à une quarantaine de kilomètres de Lublin, où il travaille dans une usine d'aviation (Heinkelwerke). Il raconte que la mort y rodait, c’était le pire camp dans lequel il ait été. A l’entrée du camp, des Juifs étaient pendus par les pieds, agonisant. Les nazis aimaient faire cela, pour montrer l’exemple. Ils sciaient les entre-jambes avec des fils de barbelés. A l’arrivée, on les amène vers la désinfection : tous ceux qui ont de l’argent doivent le donner. « J’avais si peur car mon frère en avait, j’ai commencé à pleurer car je ne voulais pas le voir mourir, je l’implorais de tout donner, ce qu’il fit ». « Puis on nous a servi de la soupe aux orties, c’était comme un étang de grenouille avec de la mousse. Cela nous faisait gonfler la tête. Après quelques jours, nous nous battions pour une ration de cette soupe immonde. La vie y était terrible ».
A ce régime des orties, le plus costaud mourrait en trois semaines s’il ne parvenait pas à se procurer du pain. Benjamin travaillait à côté du camp où il creusait un trou pour mettre les pommes de terre pour les garder en hiver. « J’ai souffert de la faim, personne ne peut l’imaginer. On souffrait également de la soif pendant la marche de la mort, on ramassait la neige et la mangeait. Mais elle ne désaltère pas, elle me brulait le palais. J’ai même bu l’eau de la locomotive, ça avait un gout de pétrole et de charbon. La plus grande des souffrances qui reste toute la vie, c’est la peur. Tout le temps, chaque minute, chaque instant. »
Feiks était atrocement méchant et sadique. Il passait dans les rangs et donnait des claques, frappait, le sang giclait parfois sur le mur des baraquements. Il se souvient qu’une femme avait réussi à cacher une fillette de 11 ans sur le camp, lorsque Feiks s’en aperçu il abattu la mère sous les yeux de l’enfant. « En 1981, lorsque j’étais en visite au Brésil j’ai retrouvé cette jeune fille qui m’a reconnu, cette scène était gravée à jamais dans ma mémoire. »
Benjamin se rappelle également qu’un jour Feiks l’a montré du doigt. Il faut savoir que dès que Feiks montrait quelqu’un du doigt, celui-ci était mort. Son sang s’est glacé, il était pétrifié, impossible de bouger, ni même d’entendre. En fait, il désignait l’homme devant lui.
« J’ai tellement de choses à dire mais c’est impossible de tout raconter, ce n’est pas racontable. Et vous savez, quand j’ai été libéré je pensais que justice serait faite. Je pensais. Mais je m’étais trompé sur toute la ligne. Les nazis qui avaient du sang jusqu’au cou sont mort dans le luxe, certains même dans leur lit. Ça m’est insupportable. Le procès de Nuremberg n’était qu’une vaste parodie américaine. C’est un sacrilège, une honte pour toutes les victimes. Je suis révolté. Je ne l’accepterai jamais. »
En novembre, il apprend que tous les prisonniers de Rachow, dont ses trois frères, ont été exécutés. Il est l’unique survivant de sa famille.
En mai 1944, à l'approche des troupes soviétiques, les détenus de Budzyn sont envoyés au camp d'Ostrowiec, puis à Auschwitz, où Benjamin arrive le 4 août. Il est enregistré et tatoué (matricule B 4416), puis transféré à Fürstengrube, un camp-satellite d'Auschwitz III, où il travaille dans une mine de charbon jusqu'au 13 janvier 1945.
La marche de la Mort : celle-ci a duré 10 jours. « Je vous jure qu’on peut marcher en dormant, je l’ai fait avec mon ami Simon. Mais un jour, alors que nous dormions, lorsque je me suis réveillé Simon avait disparu. Je ne l’ai plus jamais revu. Tout cela pour arriver à Dora, de nombreux hommes étaient morts sur le chemin. Dora était un camp atroce où l’on fabriquait des bombes volantes. A l’infirmerie, ils étaient plein de nationalités, et on y mettait des drapeaux sur les lits. Lui ne voulait pas du drapeau polonais. Et a cet instant il a repnsé à ses frères qui étaient dans des mouvements sionistes. Ça lui est apparu comme une évidence, il était temps que les juifs aient leur pays à eux. C’est ce qui l’a fait partir en Palestine en 1946. A l’infirmerie de Dora, Benjamin trouva un médecin français qui parlait allemand. Sa jambe était dans un piteux état, le médecin lui mis cette crème dont il se rappelle encore le nom « Ichtyol ». La chance l’a poursuivi partout.
Après la "marche de la mort", il échoue au camp de Dora, en Allemagne, où il tombe gravement malade. Il est finalement libéré par l'armée américaine le 11 avril 1945.
Le 11 avril à 15h30, lorsque les troupes américaines sont arrivées, les soldats se sont agenouillés et ont pleuré en posant leur fusil. Son ami Jacobwitz, pris d’une émotion si intense en est mort; son cœur a lâché.
Benjamin Orenstein est alors âgé de 18 ans et demi. Il n’a plus de famille, pèse 32 kilos et doit réapprendre à vivre. Après une période de convalescence dans un centre de l'Agence juive à Trevano, en Suisse, il parvient à rejoindre la Palestine et passe quelque mois au kibboutz d'Aloumot, dans la vallée du Jourdain. Il s’engage dans l’armée dès la création de l’Etat d’Israël, en mai 1948, et participe au premier conflit israélo-arabe. Démobilisé en 1950, il est contacté par un cousin qui vit en France et s’installe définitivement à Lyon le 14 novembre 1951. Son témoignage, Ces mots pour sépulture, a été publié en 2006.
« Vous savez, je me suis tu pendant 48 ans. Parce que j’étais refroidi : en route pour la Palestine, quand j’y suis arrivé la population juive ne voulait même pas nous croire ni nous écouter ! Il disait que nous étions allés comme des moutons à l’abattoir sans essayer de se battre. Alors nous nous sommes tus, on a fait abstraction. Heureusement que David Ben Gurion a envoyé des agents capturer Eichmann, car pendant ce procès les israéliens ont compris ce qu’était la Shoah. »
Comment se reconstruit-on ?
Ce n’était pas évident. J’étais seul et désespéré, je pensais retrouver mes frères après la guerre, penser qu’ils étaient en vie m’aidait à me battre. Quand j’ai appris qu’ils étaient morts je ne voulais plus avancer. Je n’avais plus personne, à quoi bon survivre. Mais très vite, l’instinct de survie reprend le dessus. J’avoue que j’avais peur de mourir. Je vous l’avoue.
Vous savez, nous étions des juifs utiles pour le IIIème Reich car nous étions productifs. On fabriquait des ailes d’avions. Le jour où ils ont décidé de se séparer de nous, on a appelé ça "la nuit de la lune rouge". 110 personnes sont mortes, je me rappelle que la neige était rouge.
A la question « crois-tu encore en dieu », Benjamin répond « Joker ». Quelle que soit la réponse, je ne veux pas vous influencer dit-il.
Dans son ouvrage il raconte néanmoins que c’est à Birkenau qu’il a commencé à s’interroger sur l’existence de Dieu. Il s’est posé deux questions « Dieu, ressens-tu ce que je ressens ? Vois-tu ce que je vois ? ». Il attendait une réponse, un signe, mais rien. La terrible révélation s’imposa à lui, Dieu n’était pas à Birkenau, cette sombre réalité s’abattit sur son existence, celle qui l’avait réduit à n’être que le matricule B4416.
Après la Libération, il pesait trente-deux maigres kilos, on l’a transféré dans une baraque en briques. A la libération: l'hécatombe. Les Américains donnaient de bon cœur leur ration et les survivants se jetaient sur la nourriture, or, celle-ci était trop lourde pour leurs organismes extrêmement fragilisés.
Une fois encore, c’est la chance qui a frappé Benjamin. C’est un ami qui l’a sauvé et qui a réintroduit progressivement de la nourriture dans son alimentation quotidienne.
Après la guerre, il ne voulait plus jamais mettre les pieds en terre polonaise. Certains de ces amis lui ont proposé de rentrer au village, mais pourquoi donc, personne ne l’y attendait. De plus, de nombreux pogroms ont eu lieu. Les quelques juifs qui sont rentrés chez eux se sont fait massacrer par les villageois qui avaient peur que les juifs veuillent récupérer les biens que ceux-ci leur avait volé… Il est donc parti servir à l’armée en Israël, à côté de Rishon Letsion.
En 1951, alors qu’il travaillait en Israël dans le bâtiment, un ami des camps qu’il a retrouvé lui dit « tu sais que tu as un cousin à Lyon ? ». Il était resté dans la zone libre à Lyon. Ce cousin écrit donc une lettre à Benjamin et lui propose de venir. Néanmoins Benjamin n’avait pas assez d’argent pour un tel voyage, son cousin lui envoie donc un billet. IL se dit qu’avec un visa de trois mois il pourra se reposer un peu. De plus, Benjamin avait à l’époque une bonne image de la France. En Pologne on disait « On vit comme Dieu en France ». La vie lui plaisait, sa cousine était gentille avec lui.
« Je n’ai jamais parlé à mes enfants de tout cela. Même encore maintenant, je ne voulais pas charger mes enfants de cette histoire, car comme la grande majorité, je voulais me reconstruire. Parfois on me demande si je cherche à me venger. Mais la réponse est non. Ma vengeance à moi c’est créer, procréer et vivre heureux. Pas tuer. Je ne suis pas comme eux. Aujourd’hui, je suis un grand père heureux. Vous savez, un jour à Jérusalem lors d’un congrès j’ai rencontré une jeune fille qui a raconté ce qui est arrivé à ses parents. Elle s’est écroulée. J’étais si triste. J’ai appris deux ans après qu’elle en est morte. C’est pour ça qu’il ne faut pas charger ses enfants de telles choses. Une autre femme a détruit son fils, depuis qu’il a 4 ans il subit l’histoire de sa mère. On n’a pas le droit de charger ses enfants de telles choses. »
« Vous savez, je n’ai même pas de photo de ma famille. A part une de ma sœur. Je n’ai même pas leur cendre. Alors quand on met une pierre sur une tombe, moi je ne peux même pas le faire. Depuis que je témoigne, j’ai arrêté de cauchemarder. Je constate, tout simplement ».
« Si un jour vous occupez un poste important, et qu’on vous demande de faire quelque chose qui va contre votre conscience, dites tout de suite non, parce qu’après il sera trop tard. Maintenant, vous êtes devenus mes témoins, les témoins des témoins. »