Léa Kant
La mort à la Porte des Lions
14 juillet 2017, fête nationale française, jour de commémoration d'un des pires attentats de l'histoire de France, à Nice, sur ma Prom'. Désormais on se rappellera également de cette journée pour le drame de Jérusalem.

Ma pauvre Jérusalem qui saigne. Une année de douleur, d'attentats, de peine. Une année difficile qui s'achève sur l'esplanade. Ce lieu hautement sacré, source de tensions politiques, religieuses, identitaires.
à 7h du matin, 3 terroristes armés ont ouvert le feu Porte des Lions, à l'entrée de la muraille de la plus belle ville du monde. La folie, la haine les amène jusque sur le Mont du Temple, ils tuent deux représentants des forces de l'ordre, deux israéliens druzes, et sont abattus.

Pourquoi avoir choisi de perpétrer cet attentat en un lieu si saint, si spécial ?
Pourquoi vouloir y voir du sang couler ?
Il y a encore certaines choses qui me dépassent.
J'aime déambuler le long de ces murailles dorées, chaque pied que je pose sur ces chemins pavés me raconte une histoire. Une fois l'une des grandes portes majestueuses de la Muraille passée, j'aime me perdre dans ces ruelles étroites qui me donnent mal à la tête. Je n'ai pas le sens de l'orientation, alors je m'égare facilement, passant du quartier arménien au quartier juif, quartier musulman puis quartier chrétien.

Je m'enivre de ces odeurs hiérosolymitaines, je glisse sur ces pavés que le temps a poli. Combien de personnes sont passées ici avant moi. J'ai une imagination débordante, et j'arrive à percevoir ici des habitants de la vieille ville sous l'ère du Roi Salomon, je vois ces hommes et femmes en toges, traverser ces mêmes rues pour se rendre au mikvé, le bain sacré, avant d'aller au Temple.
Je vois également les batailles, les combats, tous ces hommes et ces femmes morts pour Jérusalem. C'est d'ailleurs en observant le Mur, le seul héritage du Temple que je comprends combien l'histoire est passée par là. Un mur, et plusieurs styles architecturaux qui se succèdent, plus je lève les yeux vers le ciel, plus les pierres changent.
On dit qu'un Juif n'est pas supposé se rendre sur l'Esplanade des Mosquées, tant que le Temple ne sera pas reconstruit. Mais j'ai cédé à la tentation. Puis après tout, je suis une Cohen, VIP Gardien du temple.
A l'image du tombeau des patriarches, ce lieu est empreint d'une spiritualité infinie, d'un calme apaisant, mais pourtant la tension est latente. Le silence qui y règne pourrait presque paraître inquiétant.
Des touristes indiscrets qui s'agenouillent pour photographier ces femmes voilées alors que l'agenouillement est particulièrement interdit. Comme tout autre signe de prière. Je me rappelle avoir eu envie de briser cet interdit. Moi aussi j'avais envie de prier ici.
La légende ou plutôt la Torah raconte que c'est ici, sur le Mont Moriah qu'Abraham, le père tous les pères, aurait dû sacrifier son fils Yizhak.
Le Roi David, le guerrier, le conquérant a ensuite acheté cette terre et c'est finalement le Roi Salomon qui y construit un temple. Le temple est détruit par Nabuchodonosor, l'épisode babylonien commence, les juifs sont en Exil. Un deuxième Temple est construit, détruit une fois de plus. Il n'en reste aujourd'hui qu'un mur, le mur occidental, lieu de prière extrêmement sacré pour les Juifs.

Et selon la tradition juive, c'est en ce même lieu que sera construit le Troisième Temple (car jamais deux sans trois) lors du retour du Messie.
Alors forcément, quand cet endroit est source de combats depuis près de 4000 ans, on a de quoi s'inquiéter pour l'avenir.